Albert Einstein |
Où allons-nous? Les groupes armés de Gonaives représentent un autre aspect de l'opposition à Aristide. Ce ne sont que des zenglendo, ex-chimès qui considèrent l'assassinat d'Amiot Métayer comme un abandon et une trahison d'Aristide. Ils sont déçus d'avoir perdu leur pouvoir-sur-le-béton jadis octroyé par le Chimè-en-Chef Titide, et veulent se venger du meurtre de Métayer. Leur Caravane de l'Espoir qui, l'année dernière a envoyé des délégations à travers le pays pour des réunions plus ou moins symboliques avec des membres du leadership de ces localités, a fait preuve de très bonnes intentions. La liste des organisations faisant partie de 184 est impressionnante et va certainement dans la bonne direction. Mais il semblerait que l'excellente préparation de 184 qui promettait finalement de représenter l'avant-garde d'un mouvement de dialogue et d'inclusion nationale sans distinction de couche sociale, ait souffert d'une maladie de détermination ou tout au moins d'une carence d'énergie. Bien que la proposition de contrat social reflète une position qui se voudrait démocratique et inclusive, elle ne demeure malheureusement qu'une proposition. " La mise en oeuvre de cette quête du vouloir vivre ensemble " promise par 184 n'a pas été réalisée. Ce n'est pas étonnant, considérant que 184 est très occupé ces jours-ci à organiser les manifestations quasi journalières destinées à forcer la démission d'Aristide. Qu'est-ce que nos partis politiques ont fait pour mériter le nom de partis politiques ? Des articles circulent à travers l'Internet critiquant le plan de Des leaders tels que Manigat, Evans Paul, Andy Apaid, De Ronceray... ont certainement de la valeur. Mais leur vraie valeur sera mesurée par leur capacité de mener, organiser, de motiver, de gérer, dans leur conviction morale, dans leur éthique, leur honnêteté, et surtout dans leur amour pour leurs concitoyens et concitoyennes de toutes les classes en commençant par les plus démunis ! Elle servira de moteur au développement La démocratie haïtienne doit être basée sur les réalités haïtiennes et y apporter des solutions bénéfiques. Nous ne voulons pas d'Aristide, mais nous tenons à savoir où nous allons !
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1 - C'est comme ça ! Peu de gens savaient que Haïti était indépendant depuis deux cents ans. Encore moins de gens étaient au courant qu'en 1804 , une population d'esclaves dans cette île des Caraïbes avait lutté et vaincu une armée impressionnante en nombre et en technique, l'armée la plus redoutable de l'époque, celle de Bonaparte. Tout le monde ignorait que faisant d'une pierre deux coups, les fondateurs de la première république noire avaient rebaptisé leur pays d'un nom indien, "Haïti" qui signifie terre montagneuse. D'une part pour marquer la rupture avec la société esclavagiste de Saint Domingue. D'autre part pour honorer le souvenir des premiers habitants Arawaks et Taïnos totalement décimés par les colons. De nos jours on dirait massacrés par les génocidaires Seuls les Haïtiens, quelques aficionados de l'île et quelques panafricanistes rêveurs connaissaient cette page d'histoire et pouvaient en être légitimement fiers. On pouvait penser que les Haïtiens, toutes tendances politiques confondues, se saisiraient de la commémoration du bicentenaire de leur indépendance chèrement gagnée en or et en vies humaines pour informer et faire partager au plus grand nombre la signification de ce 1er janvier 1804. On aurait compris qu'ils usent à cette occasion, de tous les moyens d'information, de toutes les tribunes pour parler de cette révolution, pour en analyser les contradictions, en démystifier certains aspects, en éclaircir d'autres de manière à tracer des pistes de réflexion pour sortir le pays de la grave crise dans laquelle il est plongé. D'autant plus que si la révolution a renversé l'ordre esclavagiste, les combattants et leurs descendants n'ont pas su par la suite instaurer une société juste. Donc, criez "A bas Aristide", c'est très bien … comme des années auparavant : "A bas Boyer, A bas Lescot, A bas Magloire, etc …". Mais après ? 2 - Quelle idée !! Au contraire, ils ont choisi de rejoindre le camp majoritaire de ceux qui ignorent, passent sous silence ou dénient toute importance à un événement qui menaçait en Europe et sur tout le territoire américain les richesses accumulées grâce à l'institution de l'esclavage et risquait de remettre en question l'équilibre du monde du XVIIIème siècle. Nos héros des temps modernes se sont rangés avec une belle unanimité du côté de ceux qu'on appellerait de nos jours les négationnistes. Non pas à partir d'une stratégie réfléchie mais conduits par une sorte de comportement atavique de bouffon, d'ivresse carnavalesque. "Il jouait cette caricature comme il arrive souvent aux étrangers de mimer les clichés touristiques de leur pays d'origine. Pour ne pas décevoir la galerie." Cette phrase tirée d'un roman de l'écrivain russe Andreï Makine illustre cette manière d'être cabotine, racoleuse, presque putassière de l'élite haïtienne. Un tel trouve le moment particulièrement approprié pour demander sur les ondes une intervention des Américains. L'autre la joue à l'homme d'affaires vénézuélien qui ne veut que le bien de son pays, (bien qu'au demeurant Chavez soit toujours au pouvoir). Cet autre là braille que jamais la répression n'a été aussi forte en Haïti alors qu'il n'aurait même pas pu bredouiller la moindre syllabe de mécontentement à l'époque des Tontons Macoutes. Un autre encore s'empresse de publier une théorie délirante sur le sang, "la limpieza del sangre", les Tutsi et les Hutu, le nettoyage ethnique, un truc d'actualité et qui évidemment fait résonance. Amalgames, fausses vérités, rumeurs, affabulations et autres macaqueries dans tous les camps entretiennent une relation infantile et manichéenne à la réalité. Le vocabulaire utilisé dans le champ politique : "Les papas doc, la famille lavalass, les enfants, le bien et le mal, le diable et le bon dieu, les chimères, les tontons macoutes, l'armée cannibale" caractérise ce désir de "ne pas décevoir la galerie" c'est à dire de se conformer à l'image que l'étranger affectionne d'Haïti. 3 - C'est Fanon qui l'a dit ! Que dire de l'image dégradante du roi Christophe - qui avant d'être roi fut un des héros de la guerre d'indépendance - dans un film intitulé Royal Bonbon. Le titre à lui seul en dit long sur le point de vue de l'auteur qui non seulement obtient l'autorisation de filmer cette monstruosité à l'intérieur même du monument historique mais encore se transforme en "héros" de l'élite haïtienne qui brame partout qu'il a tout compris de sa culture bien mieux que les Haïtiens eux-mêmes. "Yes indeed", il a tout compris de la structure mentale de "ces gens là" de l'impuissance des pauvres et de l'idiotie des élites. Qui s'étonnerait un beau matin de voir - à l'image de ce lieutenant américain devenu le roi de la Gonâve - le petit cinéaste blanc remplacer le petit curé noir à la tête de l'état avec la bénédiction de l'élite enfin déculpabilisée, pardonnée du meurtre du père ? Ainsi font, font, font les petites marionnettes ... trois petits tours et puis s'en vont. Louise Gilles.
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Le 1er janvier 2004, Haïti va célébrer le bicentenaire de son indépendance dans un climat extrêmement tendu. Le président Jean-Bertrand Aristide est de plus en plus contesté et les violences se multiplient Des bandes armées proches du gouvernement empêchent systématiquement tout rassemblement de l'opposition. Michèle Montas, directrice de Radio Haïti Inter, est engagée dans la lutte contre l'impunité depuis l'assassinat de son mari, le journaliste Jean Dominique, le 3 avril 2000. Victime à son tour d'une tentative d'assassinat, elle a dû "éteindre" la station puis quitter le pays en mars dernier. Elle vient de recevoir le prix Reporters sans frontières - Fondation de France 2003. (17 décembre 2003). Anne PROENZA : La république d'Haïti fête le bicentenaire de son indépendance ... M.M.. : L'instruction dure depuis trois ans. Elle a été houleuse et sanglante. Un des suspects arrêtés est mort sur une table d'opération alors qu'il n'avait reçu qu'une balle dans les fesses... Un autre a été livré à la foule au moment de son arrestation et lynché. Un autre encore est mort en prison. Des témoins ont disparu. Des mandats d'arrêt n'ont jamais été exécutés. Certaines personnes ont été protégées. Il y a eu des blocages à tous les niveaux de l'État. Le juge chargé de l'enquête est actuellement en exil. Je ne sais pas qui a tué mon mari. Nous avons des pistes qui nous indiquent que des membres du parti au pouvoir sont impliqués. |